On risque une catastrophe nucléaire.
C’est le titre alarmiste qui accompagne l’appel à signer la pétition « contre le redémarrage des réacteurs fissurés Doel 3 et Tihange 2 » en Belgique.
Le danger n’est pas nouveau direz-vous, et ceux qui s’intéressent à l’actualité nucléaire savent bien que l’échéance approche, question d’observation et de bon sens.
Où ? Quand ? On ne peut pas savoir.
Pas de souci, l’IRSN (Institut de Radioprotection et Sureté Nucléaire) connaît la parade :
« Il faut imaginer l’inimaginable pour mieux se préparer à l’imprévisible ».
!!!
Nos amis belges préfèrent visiblement éviter l’imprévisible, plutôt que s’y préparer. Étonnant. Et pour contrer l’entêtement insensé de leurs dirigeants, ils viennent donc de lancer une pétition contre le redémarrage de 2 réacteurs dans les centrales de Doel et Tihange.
Il est important et urgent de signer cette pétition pour soutenir ces militants.
https://www.change.org/p/non-au-red%C3%A9marrage-des-r%C3%A9acteurs-nucl%C3%A9aires-fissur%C3%A9s-tihange-et-doel?recruiter=46314818&utm_source=share_petition&utm_medium=twitter&utm_campaign=share_twitter_responsive
La Belgique possède 2 centrales nucléaires, soit en tout 7 réacteurs, qui fournissent en temps normal plus de 50 % de son électricité.
De ce fait la Belgique est le pays le plus nucléarisé au monde après la France (nous c’est 75 %, cocorico).
Depuis plusieurs années, les réacteurs belges connaissent des problèmes à répétition, dont certains sont liés à l’âge des réacteurs (entre autre fissures dans le béton de la cuve des réacteurs). Un des arrêts récents est dû à un acte de sabotage. Alain de Halleux (réalisateur belge rappelons-le, qui fut dans sa jeunesse ingénieur chimiste dans le nucléaire) nous révélait lorsque nous l’avons reçu à Rennes en mars dernier qu’après les réparations des dommages dus au sabotage, le réacteur en question fut redémarré, alors même que les motifs et le(s) auteur(s) du sabotage – forcément membre(s) du personnel de la centrale – n’avaient pas été découverts !
Les plus anciens réacteurs belges, Doel 1 et Doel 2, ont été mis en service en 1975 pour 40 ans. Faites le calcul, ils auraient dû être mis à la retraite cette année. Et que croyez-vous qu’il est advenu ? Prolongation de 10 ans.
On peut imaginer sans peine qu’un accident nucléaire dans une centrale belge impacterait gravement tout le nord de la France. L’iode radioactif de Fukushima a fait le tour de la planète avant de débarquer en France après un périple d’une douzaine de jours et 12 000 km. Doel est à seulement 100 km de Lille-Roubaix-Tourcoing, et Tihange à 150 km de Reims ou Metz… quelques heures de promenade pour une brise modérée qui viendrait du nord. Plan Orsec Iode complètement dans les choux.
Mais il y a pire : la France possède 4 centrales (14 réacteurs) dans le nord et l’est de la France (*), et pas à 100-150 km de la frontière : tout contre la frontière belge, et même enclavée dans le territoire belge en ce qui concerne Chooz. Compte tenu du sens des vents dominants, la Belgique est nettement plus menacée que la France en cas d’un accident chez la voisine. Ouf ! C’est bien connu, nous les Français on est nettement plus malins que les Belges.
La Belgique est aujourd’hui dans une situation énergétique difficile, les mises à l’arrêt successives et non programmées de ses réacteurs l’obligent à importer de l’électricité, ce qui est très préjudiciable à sa balance commerciale, et plombe le tarif de l’électricité fournie aux entreprises et consommateurs, ce qui explique l’impatience des autorités à obtenir la relance des réacteurs arrêtés.
Ceci préfigure ce qui pourrait bien nous arriver si un incident générique – à défaut d’accident – affectait un de nos 58 réacteurs, obligeant à fermer tous ceux du même modèle, c’est à dire tous en gros.
Tout bien considéré, on n’est pas tellement plus malin que les Belges, surtout en ce qui concerne les choix nucléaires…
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(*) Gravelines : 6 réacteurs (la plus grosse centrale européenne, cocorico, mais « seulement » la 6ème au niveau mondial sur environ 440 ; construite sur un polder… donc en grand danger si Neptune vient à se fâcher un jour de grande marée…)
Chooz (2 réacteurs, construits dans une boucle de la Meuse enclavée en territoire belge)
Cattenom en Moselle (4 réacteurs)
et l’honorable grand-mère : Fessenheim, championne de tous les risques.
Dormez braves gens, les sous-traitants du nucléaire – très bien traités paraît-il par EDF et Areva, enfin c’est EDF et Areva qui le disent… – veillent sur nos centrales.
Si vous en doutez, regardez le film de Alain de Halleux : RAS, Nucléaire : rien à signaler